Lyne-Eve

J'ai franchi tes frontières

En première lecture

Un Cessna dans les airs.

J'ai lu depuis le ciel

Le dessin sinueux 

De tes si larges rivières,

Et j'ai vu époustouflée

Tes eaux douces 

Epouser la salinité

Du fougueux océan …

Guyana … tu m'es apparu

Rural et forestier,

En grande beauté !

J'ai aimé tes rues

Où la vie s'égrenait,

Petites fourmis courageuses

Dans cette fin d'après-midi,

Un homme bâillait sa fatigue

D'une journée laborieuse accomplie,

Des animaux traversaient

Avec les autos,

Les personnes et les vélos …

J'ai souri …

Je connais bien

Ces pauvres pays en devenir

Qui tentent de survivre …

Guyana … bonjour !

Partout, dans ta première ville,

des canaux

Au charme de rivières,

Des canaux magiques

Grouillants de nénuphars,

des canaux devant les maisons alignées

et des petits ponts de bois

Pour portail !

C'est charmant

Cette cité bateau !

 GUYANA … très heureuse de faire ta connaissance !

EVE, mai 2011

Le Guyana est un pays méconu frontalier du Brési et du Suriname. 

Plus nous nous y rendions et plus nous l'apréçions ... 

Vous avez été soulagés quand il fut vendu

Il pesait trop lourd sur les projets tout neufs de famille qui débutait …

Mais,

Vous n’effacerez jamais, les premiers pas de Manou,

Petit mousse qui pénétrait sur un beau rêve.

C’était le rêve d’un petit garçon qui aimait la mer.
Elle … était le rêve du matelot,

La voilà qui franchissait le pont …

Vous avez vécu dans le ventre du bateau

Qui abritait vos amours de soie

Dans une succession de jours et de nuits

A jamais, gravés au fond du cœur.

Le froid vous terrassait

Souvent.
L’argent se comptait bien sûr,

A l’essentiel.

Tous, nous aimions tellement, un verre d’alcool à la main,

Ce roulis qui nous berçait

Dans l’odeur d’humidité qui régnait …

Qu’il était beau ce grand bateau jaune

Qui dansait sans fin

Sur les rives de la Seine !

Pour vos adieux, vous avez tous les trois

Fait cette incroyable traversée …

Sous les ponts de Paris, il disait …

J’ai tellement adoré vous regarder

Vous aimer !

Au passage de la tour Eiffel …

Comme vous êtes beaux dans ce dernier voyage !

Et puis à Notre-Dame …

Protégez-les, je vous en conjure,

Nous nous sommes tant aimés !

Eve, le 17 Février 2006

... j'ai écrit ce texte lorsque mon fils et sa compagne ont emmené leur péniche de Conflans Ste Honorine aux quais de le Seine dans le Val de Marne en traversant tout Paris ...

Lorsque je m’évade au temps de ton enfance,

Je revois encore cette frimousse

Boudeuse dans l’impuissance,

Ces éclats d’un rire cristallin,

Qui illuminent tes yeux de fripouille …

Alors mon cœur, heureux comme jamais,

Savoure avec mon âme

Cet enfant si beau,

Si tendre,

Si câlin,

Tellement attachant …

Quand un chagrin venait mouiller

Tes yeux de faon,

Je me souviens des averses de larmes

Bien trop fortes pour un regard si doux …

C’était insupportable,

Je te prenais dans mes bras

En racontant des bêtises

Pour effacer ta peine

Au milieu des bisous,

Afin que raisonne encore et encore,

En cascade

Le joli petit rire frais

De cet enfant

Qui était le nôtre,

Et que je regardais grandir,

Chaque jour

Dans un bonheur inouï …

Sacha, Sacha-Frantz,

Frantzy, mon enfant chéri,

Mon tout petit,

Tu m’as offert ton enfance

Et je l’ouvre de temps en temps

Dans l’écrin de mes plus tendres souvenirs.

Eve, Avril 2006

Un Temple

La Cathédrale de Paramaribo

La grande Mosquée de Paramaribo

Une simple Eglise d'un village Marron

     Le " Faya Lobi " localement, en français le buisson ardent 

   Des Cannas

   Une illustre inconue .... 

   Une Orchidée

   Au Suriname les canaux peuvent être remplis de nénuphars ....

Un jour, le temps qui passe ... ça devient le temps  qu'il reste ...

Quand tu rentreras

Dans la maison du travail,

Je l’aurai désertée.

Je pars, je m’en vais

Je te quitte …

Quand tu rentreras

Comme une mécanique

Avec ta grosse clef

Plantée dans la tête,

Peut être réussiras-tu

A te rendre compte

Du temps qui s’écoule

Inexorablement

Quand on est seul à l’écouter …

Je n’ai aucune peine à partir,

Je compte les jours

Qui me rendent ma vie.
Je laisserai derrière moi

Quelques signes

Qui te diront

Que quelqu’un est passé par ici,

Des traces pour expliquer

Les jolies choses de la vie,

Pour adoucir les heures mornes :

Un décor planté,

Afin que les murs vides

Respirent la présence,

Deux ou trois petits voyages

Que je t’ai forcé d’entreprendre

Parce que tu ne voyais jamais

L’urgence

De laisser enfin derrière nous …

La maison du travail.
Deux ou trois petits voyages

Où enfin nos yeux

Regardaient à l’unisson

Même si, nos cœurs

N’étaient jamais au diapason …

Un jardin, je te laisse un jardin …

Quelqu’un m’a dit

Pourquoi tant de travail

Pour un ticket sans retour ?

Je n’ai pas répondu que c’était

Mon cadeau de départ.

Je n’ai pas dit les heures passées

Pour le rendre accueillant,

Pour qu’enfin tu remarques

La vraie beauté des choses …

Ephémères cependant

Puisque si personne

N’en prend soin,

Son monde se flétrira

A tout jamais …

Moi, je pars, je m’en vais,

Je te quitte

Quand tu rentreras

Seul,

Dans ta maison du travail

Ce ne sera quand même,

Pas tout a fait une prison …

Je te laisse … un petit chien,

Et j’emporte l’autre …

Eve, le 4 mai 2006

J'ai laissé un peu de mon âme

Dans tous les pays

Que nous avons habité …

Je sursaute sur une ville reconnue,

Sur un accent qui traine,

Sur une odeur qui me pénètre …

Je ressens souvent

Comme un manque

De ne plus y être,

Une incroyable envie

D'y retourner

Et aussi, une vague jalousie

Lorsque j'entends les autres,

Parler,

De ce qui fut momentanément …

Chez moi.

Il faudrait un laisser-passer

Gratuit,

A vie,

Pour revenir

Aux pays …Algérie, Emirats, Libye,

Mauritanie, Mali, Madagascar,

Liban, La Réunion, Suriname,

Vous avez métissé mon coeur

Avec cette France qui m'a vu naître …

Je suis un peu de vous tous ,

Vous avez façonné mon identité 

Bien sur, les maisons que j'ai habité

Chez vous,

Etaient les maisons du travail, 

Lorsque je rentrais chez moi,

C'était en Normandie,

En France,

Mais,

Chez vous,

J'ai goûté vos nourritures,

J'ai déchiffré vos mots,

J'ai admiré vos mers et vos montagnes,

Vos déserts et vos grands fleuves,

J'ai entendu le muezzin, 

J'ai conduit dans vos rues …

Chez vous,

Mes enfants ont foulé

Vos trottoirs et vos plages, 

Ils se sont baignés dans vos rivières,

Leurs amis étaient vos enfants …

Ils étaient les enfants …

Du monde …

Eve, 2011

En mai s'en est venue

A la limite du jour suivant,

Eclaboussant cette journée

D'un éclat inaltérable …

Nolwenn …

Nolwenn attendue,

Espérée à n'oser le dire,

Là, bien là …

Nolwenn chérie,

A pleurer de rire

A étouffer de joie,

A prévenir Gaby … dans les nuages,

A ne parler que d'elle

En doutant qu'un tel cadeau

Fut bien réel !

Nous serons là

Pour tes éclats de rire,

Pour consoler tes peines,

Te raconter des rêves,

Te faire remarquer le frisson

Du vent sur ta peau,

A tenir ta main

Pour sauter un ruisseau …

Je te dirai le nom des fleurs,

Papi t'expliquera les couleurs des drapeaux,

Nous te parlerons de ton papa,

Nous apaiserons tes colères,

Tu pourras découvrir

Les plus belles musiques

Dans le chant des oiseaux,

Celui des cigales

Où le bruissement des feuilles …

J'éveillerai ton attention

Sur les odeurs de la terre,

L'herbe fraîchement coupée

Et les épices orientales !

Petite fille magique,

Nous te respirons

Rien qu'en prononçant ton prénom !

Chaque jour que tu vis

Accentue la tendresse …

Ton premier babil

Efface tous les autres,

Ton sourire

N'a plus aucune comparaison …

Oh cette urgence de te protéger,

Ah ce désir de te voir,

Encore et encore …

Enfant de notre enfant,

Tu es si précieuse,

Toute nécessaire,

Pour peindre nos années de sagesse

A la couleur de ton regard,

Au son de ta voix …

Tu es entrée dans notre coeur

Par toutes les pores de notre peau

Et du coup,

Prononcer, évoquer 

Ton prénom, ton image,

Et ce vieux fou se met à battre

Comme un joyeux carillon !

Mamie-Eve le 17 juillet 2011

(Hôtel Cara-Lodge au Guyana)